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DANS LE VILLAGE DE THULO PARSEL

DANS LE VILLAGE DE THULO PARSEL

C’est dans le village de Thulo Parsel que Man Bir, aujourd’hui âgé de 30 ans, Suman, 23 ans, et Basanta, 25 ans, ont grandi pour devenir les personnes formidables qu’elles sont aujourd’hui. (de gauche à droite sur les photos)

Ces trois belles personnes sont devenues nos amis et nous ont accueilli et ouvert leurs portes dans le village où, de jeunes enfants, ils sont devenus de jeunes adultes…

Novembre 2019, nos amis guides de trekking dans les régions montagneuses de l’Himalaya, sont en vacances. La saison de trek est terminée.

Après quelques embrassades, nous dînons ensemble à Katmandou pour célébrer ces retrouvailles, refaire le monde et se raconter nos vies. Ils vont bien, ils sont heureux, on passe un bon moment ! 

Originaires de Thulo Parsel, ils vivent à Katmandou, lieu où se concentre l’activité économique du pays, et endroit où leur agence de trekking est implantée.
Leur travail est dur, physique. Avant d’être guide, il faut être porteur pendant plusieurs années…
Des sherpas. Voilà ce qu’ils ont été. Ils portaient
une vingtaine de kilos sur leur dos et gravissant ainsi la montagne sur plusieurs jours.

Ils ont fait leurs preuves, ils ont tenu bon, ils se sont accrochés…Ils sont guides aujourd’hui.
Travail difficile et physique, certes. Mais n’ont-ils pas le plus beau bureau du monde ?

La saison de trek terminée les vacances commencent ici. A la différence de la France, les vacances ne sont pas rémunérées au Népal. Seuls les jours travaillés sont payés. Les vacances, c’est maintenant ! Il est venu le temps de rentrer au village et de mettre la main à la pâte.

Nous voilà alors embarqués dans cette nouvelle aventure…Thulo Parsel nous voilà !

Rendez-vous le 3 décembre à 7 heures du matin devant la station de bus ! On est très chargés ! Nous faisons la rencontre de Rabindra, ami de Man Bir.
Tous deux nous aident à charger le matériel dans le bus ! On emmène avec nous 23 kg de vêtements pour distribuer au village, 23 kg de matériel sanitaire, plus nos bagages personnels…Ça en fait des sacs, et c’est lourd ! (Le petit bonus, plusieurs kilos de cahiers et de stylos pour l’école du village de Kottimal sur le chemin…mais ça on vous en parlera plus tard, dans un autre article, patience…)

Nous quittons Katmandou à 7 heures du matin pour nous arrêter 2 heures après à Banepa, pour changer de bus. Ce deuxième bus en direction de Thulo Parsel est vite rempli ! Rempli des habitants qui retournent au village, mais surtout de sacs de riz, de ciment, de l’eau, des oranges…Les sacs envahissent l’allée du bus, le toit, jusqu’à nos pieds ! Et nous voilà parti pour quelques « petites »  heures de route. Pour faire environ 75 km, nous mettons entre 7 et 8 heures. On a le temps d’admirer le paysage et le décor…

Suite au tremblement de terre de 2015, Man Bir construit sa nouvelle maison près de la route. C’est donc en fin de journée que nous retrouvons  sa mère (Mitthu Tamang) et son père (Tasbir Tamang) près de la maison en chantier.

Une tasse de thé et des gâteaux nous attendent. La fraîche tombe vite. Et comme là bas les routes ne mènent pas aux maisons, il faut crapahuter ! On enfile nos sacs à dos et on grimpe en direction de la maison actuelle de Man Bir, celle touchée par le séisme de 2015, dans laquelle nous allons loger!

Le soir, nous mangeons du Dal Bhat (repas quotidien des népalais composé de riz, soupe de lentilles et épinards). La journée a été longue ! Les parents de Man Bir dorment dans la cuisine. Quant à nous, nous avons chacun notre petit lit dans l’autre pièce. C’est ce même soir que nous rencontrons Basanta, voisin et cousin de Man Bir. Une très belle rencontre, celle d’un homme qui deviendra notre fidèle ami et qui aura fait le reste du voyage avec nous. 

Le lendemain 4 décembre, nous nous levons à 7 heures bien que les parents de Man Bir soient déjà au travail depuis 5h du matin. Eau chaude à boire au levé, il faut se réchauffer. 

Le choc est grand ! Les décors sont majestueux, grandioses. Si la brume est partout autour de nous au réveil, lorsque le soleil se lève, il emporte avec lui les nuages pour laisser apparaître la chaîne de l’Himalaya…On est entouré de montagnes, on se sent tout petit. C’est à couper le souffle!

Le choc se ressent surtout de par la culture et la façon de vivre très différente de la nôtre.

L’eau ? Les népalais remplissent le matin leurs bidons d’eau pour faire la vaisselle, pour les toilettes, ou pour laver leur linge.

Les toilettes ? A la turque à côté de la maison.

La vaisselle ? A l’eau froide, dehors.

La douche ? Ils font chauffer de l’eau pour laver leurs cheveux et leurs corps.

La cuisine ? Pas de table, de chaises ou bien de grand buffet pour ranger la vaisselle. Non. Les femmes font tout au sol : la cuisine, la vaisselle, laver le linge…elles font même le feu pour faire cuire les aliments et se réchauffer en même temps ! Avant d’entrer dans les maisons, il est important et demandé d’enlever ses chaussures !

Quel agréable dépaysement…

Ce mercredi 4 décembre, nous commençons par distribuer avec Man Bir les vêtements que nous avions rapporté pour les enfants.

Dans la maison en construction de Man Bir, nous étalons les vêtements sur des bâches. Les enfants en route pour l’école s’arrêtent et essayent les affaires.
Chaque jeune fille semble heureuse de pouvoir repartir avec un vêtement chaud. Nous sommes cependant déçus de ne pas avoir pu ramener plus de vêtements pour garçons. Pas assez de place dans les bagages…

Nous nous rendons ensuite dans l’école du village de Thulo Parsel (Shree Panchakanya Secondary School) avec Man Bir, Suman et Rabindra.

L’école de leur enfance, les garçons nous guident sur les pas de leur jeunesse, à la rencontre de leurs professeurs et des salles qu’ils ont fréquenté petits.

Accueillants et souriants, les professeurs nous présentent les enfants. Nous nous installons dans une salle où nous passons l’après midi avec les enfants à faire des bracelets et colliers en perles.

Le jeudi 5 décembre, de nouveau réveil dans le brouillard qui envahit le village. Thé et petits gâteaux pour le petit déjeuner!
Avant d’aller à l’école, il faut mettre la main à la pâte! Nous aidons Man Bir et sa famille à égrainer le maïs. On refait le monde tous ensemble, assis au milieu des champs, on se sent comme perdu au milieu de nulle part, mais tellement bien !

L’après midi, direction l’école où nous faisons des masques avec les enfants.
Nous discutons ensuite avec les professeurs qui nous remercient de notre venue et nous expliquent que beaucoup des enfants de l’école manquent de vêtements chauds et beaucoup n’ont pas de cartable. L’équipe enseignante nous demande si notre association peut financer des pulls ou des cartables pour les enfants.

Grâce aux dons récoltés en France, c’est avec plaisir que nous financerons 60 pulls pour l’école. 

Quelques jours plus tard, de retour à Katmandou, nous faisons différents magasins avec Man Bir qui nous aide à négocier. Au Népal, tout se négocie ! Et il courant de payer bien plus cher quand on est européen ! Accompagné d’un népalais, c’est différent. Man Bir, de très bon conseil et d’une aide précieuse, nous guide dans les rues de Katmandou à la recherche de pulls adaptés pour l’école de son village ! 

Après plusieurs magasins et quelques minutes de négociation, nous trouvons les 60 pulls à un prix raisonnable. Vendu ! Nous reviendrons à Thulo Parsel le 20 décembre pour la distribution.

Le 20 décembre, nous avons plaisir à retrouver enfants et enseignants ! Comme dans chaque école, la journée commence par l’hymne nationale népalaise. En ligne, les uns derrières les autres, la main droite sur le cœur, enfants et professeurs chantent chaque matin l’hymne de leur pays.

Les festivités commencent ensuite. Chaque enfant enfile et essaye son pull de la couleur bleue, couleur de leur uniforme.

Chacun semble heureux. Nous prenons une photo de groupe, tous ensemble. Basanta et Bikash sont avec nous pour ce beau moment. Nous recevons tous des colliers de fleurs en guise de remerciement ! Beau moment partagé tous ensemble

Le 6 décembre : Matinaux, nous nous rendons dans le petit hôpital de Thulo Parsel avec Man Bir.

Les pompiers de Caen nous ont donné du matériel sanitaire à distribuer au Népal. Nous apportons  compresses, pansements, set d’accouchement, ciseaux, gants stériles et gel hydroalcoolique.

Le médecin, heureux du matériel apporté, nous présente le petit hôpital du village qui se compose d’une entrée, d’une salle de soin, d’une chambre et d’une petite salle servant de réserve.

Le médecin accepte de répondre à plusieurs de nos questions et nous explique son parcours, le fonctionnement de l’hôpital et les moyens dont il peut disposer.
Échange très intéressant. Merci à lui !

De retour chez Man Bir, nous déjeunons notre Dal Bhat avant de repartir en vadrouille.
Avec Rabindra et Man Bir, nous marchons jusqu’à la grande cascade du village. On crapahute et on en prend plein les yeux ! 

Sur le chemin du retour, on traverse le village de maison en maison à la rencontre des habitants et des locaux.
Les valeurs de partage, d’entraide et d’accueil sont vraiment présentes dans les villages. Comme une grande famille, ils se connaissant tous, entrent dans les maisons des uns et d’autres.
Dans toutes les maisons où nous sommes entrés, une tasse de thé, de lait et des beignets nous sont offerts.
Si l’agitation, la circulation et le bruit de Katmandou traduisent un esprit moins accueillant et plus individualiste de la population, il en est tout autrement dans les villages.

Tous nous regardent. Nous sommes étrangers et les questions sont souvent les mêmes : qui sont-ils ? Avec qui sont-ils ? Où dorment-ils ? Que font-ils ici ? …

C’est un plaisir de croiser ces visages, ces sourires, cette timidité chez certains, cette gêne chez d’autres, mais surtout cette curiosité qui se lit dans les regards bienveillants qui nous scrutent.

De retour en fin d’après midi, deux petits garçons du village, Bisal Nepali et Rohan Népali nous rejoignent chez Man Bir. Et si on faisait des bulles de savons géantes?! On prépare notre recette magique et c’est parti !
Petites et grandes bulles amusent les enfants jusqu’à la tombée de la nuit. Un très bon moment partagé !

La soirée s’annonce festive, comme les autres. Chacun apporte un petit quelque chose à manger. Du riz, un poulet, des épinards… Nous sommes tous réunis autour d’un bon feu en extérieur. On danse, on mange, on s’amuse. Tous ensemble sous les étoiles népalaises, on fait la fête.

Il est rare qu’ils se retrouvent tous ainsi nous expliquent Suman et Man Bir. Il n’est pas commun qu’ils aient la visite d’étrangers. C’est l’occasion de faire la fête et de partager du temps avec nous.
Man Bir nous explique que d’ordinaire, ses parents se couchent vers 18h30 / 19 heures. Couchés tôt, mais levés tôt, vers 4 heures, pour s’occuper des animaux.

Nous découvrons la musique népalaise sur laquelle nous avons plaisir à danser. En voici deux populaires au Népal sur lesquelles nous avons dansé à plusieurs reprises.

Que de beaux souvenirs à Thulo Parsel…

Le 7 décembre, c’est notre dernier jour et quelle journée !
Le soleil bat son plein. On commence la journée en s’installant dehors, dans le champ de Man Bir avec certains petits du village. On fait de la peinture.

Le petit Rohan ne cesse de nous parler en népalais, très naturellement, bien que nous lui expliquons que nous ne comprenons pas ce qu’il nous raconte. Une vraie petite pipelette ! Et Bisal, petit garçon d’un grand sourire, voix cassée et très bon danseur. Ces deux enfants auront eu la chance d’avoir chacun un cartable, cartables qui nous ont été généreusement donnés en France. Merci pour eux.

L’après midi, nous accompagnons Man Bir et sa maman à un mariage où toute la communauté Tamang du village est invitée. A notre arrivée, tout le monde nous regarde en étant intrigués de voir deux européens ici.
Tous nous sourient, nous sommes très bien accueillis.
Un homme nous assoit juste derrière les mariés. Ces derniers sont assis sur le sol.
Un par un, les invités déposent des offrandes, collent du riz sur le front des époux et enroulent leur cou d’écharpes.

Le repas est festif ! Les uns derrière les autres, nous faisons la queue pour nous servir au buffet.

Dans le village, ils ne parlent pas anglais. Et nous sommes loin de maîtriser le népalais. La barrière de la langue nous frustre. On a envie de se parler. On se regarde, on se parle chacun dans sa langue en espérant se comprendre…en vain. Mais il n’y a pas toujours besoin de mots : On profite tous ensemble, en dansant. On est heureux de pouvoir vivre ce moment.

La journée touche à sa fin, il faut rentrer.
Nous repartons pour Katmandou le lendemain. C’est notre dernière soirée ici. On prépare nos sacs. Et on profite des derniers moments.

Juste avant le départ, les enfants Bishal, Rohan et une autre petite fille du village nous emmènent voir leur maison, un peu plus haut. C’est un moment particulier que nous vivons là. La maison de ces deux jeunes garçons se résume à quatre planches de tôle. Ils dorment à 4 ou 5 à l’intérieur. Loin d’être isolée, il fait très froid l’hiver et chaud l’été à l’intérieur. Nous sommes d’abord surpris, choqués par cette vision.
On constate la différence de confort de vie entre les plus aisés et les plus pauvres du village.

De notre regard extérieur, et selon les nombreux échanges avec Man Bir, Suman et Basanta, on comprend que les plus pauvres des villages, sont ceux qui n’ont pas l’argent pour construire des maisons en pierre par exemple, ou qui n’ont pas la possibilité d’acheter de lit, dormant à même le sol.
Certains ont des champs et des cultures, d’autres pas.
Certains ont la possibilité d’acheter du gaz pour faire cuire leurs alimentaires. D’autres pas, faisant alors des feux de bois.

D’après ce que nous comprenons de nos conversations avec les garçons, c’est qu’après le tremblement de terre de 2015, l’État népalais a donné en urgence et à chaque famille, des tôles pour avoir un « toit » provisoire. Dans le même temps, de l’argent a été versé par l’État pour construire une nouvelle maison. Cependant, il s’agissait d’un premier versement. Pour percevoir la suite de l’argent donné par l’État, il fallait prouver, montrer, qu’on avait commencé à construire la maison. Montrer les premiers édifices. Or, il semblerait que si certains ont pu construire ou reconstruire leur maison, d’autres, auraient dépensé l’argent différemment, ne leur permettant alors pas d’avoir un nouveau versement de l’État. Raison pour laquelle ils vivent toujours aujourd’hui dans une maison en tôle.

Nous précisons que ces éléments d’information nous proviennent de conversations avec nos amis népalais. Nous n’avons en notre possession que cette version et peut être, d’autres éléments d’appréciation seraient à avoir pour comprendre les tenants et aboutissants du système global mis en place par l’État après le tremblement de terre ainsi que le fonctionnement de chaque famille.

Malgré tout, on réalise et constate très vite que pour autant, ces personnes ne semblent pas malheureuses. Ces enfants ont la joie de vivre, toujours le sourire et le mot pour faire rire. Du moins, c’est ce qu’ils laissent paraître.
Ils sont heureux de nous présenter leur famille et leur chez eux
.

C’est la gorge serrée que nous faisons nos au revoir…Nous avons beaucoup appris de chaque personne rencontrée et vécus de très beaux moments dans ce village. Nous avons vu et vécu différemment. Nous avons appris l’histoire de ces gens grâce à Man Bir, Basanta et Suman.

Également, cela aura été le temps d’une remise en cause certaine sur notre façon de penser et de voir la vie.

Mais surtout, nous partons d’ici avec des souvenirs plein le cœur, des moments, sentiments et ressentis qu’il nous est difficile de raconter et d’écrire.

Nous remercions Man Bir, Basanta, Suman, Rabindra, Bisal, Rohan, Mitthu Tamang, Tasbir Tamang et toutes les personnes rencontrées lors de notre à Thulo Parsel pour leur accueil, leur sourire et leur bienveillance. 

Cet article a 4 commentaires

  1. Claire Lhermitte

    Bonjour je suis étudiante en géographie à la Sorbonne et je suis en train de réaliser un dossier d’étude de terrain sur Thulo Parcel. Moi même j’y suis resté une semaine en décembre 2019. Serait-il possible de vous contacter pour vous poser quelques questions ? En effet je croise les témoignages des touristes occidentaux et ong avec ceux des locaux et les articles scientifiques et institutionnelles sur ce village.

    1. L'équipe D'UNE MAIN À L'AUTRE

      Bonjour Claire, nous serions ravi de vous aider dans votre projet.
      Vous pouvez nous contacter sur notre page FB, via messenger, ou vous pouvez également nous appeler par téléphone, nos coordonnées sont sur la page d’accueil du site.
      Cordialement ( Tom )

  2. PHILIPPINE

    Quel récit…!!
    Que de beaux souvenirs bien retranscrits que je me suis sentie téleportée au Népal..
    👏👏💙

    1. L'équipe D'UNE MAIN À L'AUTRE

      Merci c’est gentil, espérant que le voyage fut agréable 😉
      à bientôt pour de nouveaux récits!

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